Tuesday, November 20, 2012

L'affaire des caporaux de Souain

Les fusillés pour l’exemple ne dorment toujours pas en paix


http://moulindelangladure.typepad.fr/monumentsauxmortspacif/2007/10/les-quatre-capo.html 

http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/1GM_CA/monuments/suippes_caporaux_souain.htm

L'affaire des caporaux de Souain (Théophile Maupas, Louis Lefoulon, Louis Girard et Lucien Lechat), fusillés pour l'exemple, est un des cas parmi les plus flagrants et les plus médiatisés de l'injustice militaire durant la Première Guerre mondiale.

En Champagne, le 10 mars 1915 à cinq heures du matin, après deux mois d'accrochages sans résultat tangible dans le secteur et deux récentes attaques infructueuses, les poilus de la 21ecompagnie du 336e régiment d'infanterie reçoivent l'ordre d'attaquer de nouveau à la baïonnette et de reprendre les positions ennemies établies au nord du village de Souain (Marne).

Devant eux, le terrain est déjà jonché de cadavres et se trouve directement pris sous le feu desmitrailleuses allemandes. De plus, la préparation d'artillerie habituelle avant l'attaque, au lieu de secouer les positions allemandes, envoie ses obus sur la tranchée française et laboure le terrain d'assaut. Dans ces conditions, les hommes de la 21e compagnie, épuisés après plusieurs jours de tranchée, démoralisés par les précédents insuccès, et ayant sous les yeux le spectacle des cadavres de leurs camarades tombés dans les fils de fer intacts, refusent, ce jour-là, de sortir des tranchées.

À cet instant précis, il est clair qu'ils anticipent l'échec et l'inutilité d'une attaque qui les voue à une mort certaine. Tout soldat paraissant sur le parapet étant immédiatement atteint par les balles. Plus tard, le bombardement des tranchées françaises fera l'objet d'une polémique, à la suite d'un témoignage : le général Réveilhac, qui avait ordonné l'attaque, aurait demandé à l'artillerie de pilonner les positions françaises pour obliger les soldats à sortir de leurs tranchées1.

Suite à la désobéissance des hommes de la 21e compagnie, le général Réveilhac exige des sanctions. Le capitaine Equilbey, commandant de la compagnie, est alors tenu de transmettre à ses supérieurs une liste portant les noms de 6 caporaux et de 18 hommes de troupe, choisis parmi les plus jeunes, à raison de deux par escouade. Le 15 mars, le général donne l'ordre de mise en jugement directe des24 hommes désignés.



L'Aisne demande à la République de reconnaître les soldats fusillés pour l'exemple de 14-18


Le conseil général de l'Aisne, dans la région Picardie, a adopté le 16 avril 2008 un voeu demandant aux autorités françaises de "reconnaître les soldats condamnés pour l'exemple comme des soldats de la Grande Guerre à part entière" et d'inscrire leurs noms sur les monuments aux morts.

"Le Conseil général de l'Aisne invite solennellement la République française à prendre, dans la générosité qu'elle doit à ses enfants, et à l'occasion du 90ème anniversaire de la fin de la Grande Guerre, la décision de reconnaître les soldats condamnés pour l'exemple comme des soldats de la Grande Guerre à part entière, comme des Poilus comme les autres, de façon à permettre que leurs noms puissent être légitimement inscrits sur les monuments aux morts des communes de France, à la demande de leurs familles ou des associations et collectivités concernées", demande l'assemblée départementale dans un voeu qu'elle a adopté le 16 avril à l'unanimité, gauche et droite réunies.

En fait pour obtenir cette unanimité dans le vote, la droite locale à obtenu de la majorité socialiste de l'Aisne le substitution des termes "combattant de la Grande Guerre " par "soldat de la Grande Guerre ". Chacun faisant un pas vers l'autre, le consensus a été possible. Espérons qu'au niveau national, nos dirigeants acquièrent cette sagesse.

Le voeu, qui a été adopté le jour anniversaire du début de l'offensive du Chemin des Dames en 1917, évoque la "politique active" menée par le conseil général "depuis plusieurs années" pour "réintégrer les fusillés de 1914-1918 dans la mémoire collective", notamment en accueillant en juin 2007 des descendants de fusillés dans le département. "Sans chercher à réécrire l'histoire ou à l'instrumentaliser, peut désormais venir, après le temps des tabous et des polémiques, le temps d'une mémoire apaisée", "90 ans après la fin de la Grande Guerre", poursuit le texte, qui évoquent "plus de 50" soldats fusillés au cours des quatre années de guerre dans l'Aisne. Selon un décompte effectué en 2006 par l'ancien chef du service historique de l'armée de terre, 675 soldats ont été fusillés sous l'uniforme français pendant la Grande Guerre pour désertion, mutinerie ou refus d'obéissance. Parmi seul une quarantaine de ces fusillés ont été réhabilités dans les années 1920 ou 1930.




Joseph Dauphin : le héros fusillé pour une beuverie


Joseph Dauphin, né à Tauves dans le Puy-de-Dôme, le 10 février 1882, dans une famille de 10 enfants. Il fut l'un des 600 soldats fusillés pour l'exemple par l'armée française durant la Première Guerre mondiale.

Marié, père d'un enfant, le paysan Dauphin se trouvait incorporé dès le mois d'août 1914 au 70 ème bataillon de chasseurs à pied. Vaillant soldat, il reçut, en 1915, la Croix de guerre avec palmes pour plusieurs actes héroïques, entre autres avoir ramené sur ses épaules un lieutenant gravement blessé près des barbelés de la tranchée ennemie ou bien encore avoir tenu une position jusqu'à épuisement de ses cartouches. Promu caporal, il reçut par trois fois une citation pour sa conduite exemplaire au combat.

Au printemps 1917, l'état major avec Nivelle est au summum de son incompétence. Depuis deux ans les armées piétinent, Nivelle décide d'engager massivement les troupes dans ce que l'état Major appelle la "Bataille de France". Les allemands connaissent le projet et renforcent les défenses en abandonnant une partie du front. Nivelle n'en tient pas compte. La préparation de l'artillerie française du 10 au 16 avril est sans effet sur les abris en béton et les cavernes du plateau de Craonne. Nivelle n'en tient pas compte. L'attaque est déclenchée le 16 avril, quelques jours plus tard et 150 000 morts, disparus et blessés, la Bataille de France est devenue, afin de minimiser cet échec, la bataille de l'aisne puis la bataille du Chemin des Dames. La presse n'évoque pas le massacre et minimise l'évennement. Le fusible Nivelle saute en mai 1917. Celui ci est envoyé en Algérie dans un obscure commandement. Pétain prend sa revanche et le remplace. La stratégie change peu mais Pétain doit faire face à une vague importante de mutinerie. Bien souvent les soldats refusent simplement de repartir à l'assaut et remettent en cause les tactiques voir les stratégies militaires. Très peu contestent le bien fondé de la guerre.

C'est dans ce contexte que se situe l'affaire du caporal Dauphin. En juin 1917 les permissions de son régiment sont annulées. Joseph Dauphin et plusieurs soldats qui l'accompagnaient ramassèrent alors une cuite mémorable. Sous l'effet de l'alcool (dont l'armée n'était pas avare, à fortiori pour envoyer sa chair à canon à l'assaut) et sans trop savoir ce qu'ils faisaient, ils auraient tiré quelques coups de fusil et lancé à la cantonade des propos séditieux. Un fois dégrisé et conscient d'avoir fauté, Dauphin s'attendait à récolter quelques jours de prison, mais à sa grande surprise et sans vraiment comprendre, ses supérieurs l'envoyèrent devant le Conseil de guerre. Ils avaient besoin d'un exemple.

Seul gradé parmi les hommes interpellés et pour avoir chanté un peu fort J'ai deux grands bœufs dans mon étable (version contredite par l'accusation), le caporal Dauphin, considéré comme meneur dans la vague des mutineries de 1917, fut condamné à mort et fusillé le 12 juin 1917 à la ferme de Fété, près de Ventelay dans l'Aisne. François Brugière, son camarade de Tauves, vraisemblablement impliqué dans la même séance de beuverie et désigné pour faire partie du peloton d'exécution, refusa de tourner son fusil contre Joseph. Condamné à 10 ans de travaux forcés, il fut envoyé au bagne de Chief (ex-Orléanville) où il mourut d'épuisement le 12 février 1918. Joseph Dauphin, quant à lui, repose dans la nécropole de la Maison Bleue à Cormicy dans la Marne : tombe n° 884.

Malgré de nombreuses campagnes de presse, il n'a jamais été réhabilité (toute requête de demande en révision étant jugée irrecevable par la justice après 1928).




Le 10 mars 1915 à cinq heures du matin, après deux mois d’accrochages sans résultat dans le secteur et deux récentes attaques infructueuses, les poilus de la 21e compagnie du 336e régiment d’infanterie reçoivent l’ordre de reprendre les positions ennemies établies au nord du village de Souain. Le terrain, déjà jonché de cadavres, se trouve pris sous le feu des mitrailleuses allemandes. La préparation d’artillerie, au lieu de toucher les positions allemandes, envoie ses obus sur la tranchée française. Les hommes de la 21e Compagnie refusent, ce jour-là, de sortir des tranchées. Ils anticipent l’échec et l’inutilité d’une attaque qui les voue à une mort certaine. Le général Réveilhac aurait demandé de pilonner les positions françaises pour obliger les soldats à sortir de leurs tranchées. Suite à la désobéissance des hommes de la 21e compagnie, le général Réveilhac exige des sanctions. Le capitaine Equilbey, commandant de la compagnie, est tenu de transmettre à ses supérieurs une liste de 6 caporaux et de 18 hommes de troupe, choisis parmi les plus jeunes.
Le 16 mars 1915, les inculpés comparaissent devant le Conseil de guerre avec le motif : « refus de bondir hors des tranchées ». « Quiconque montait devait être fauché littéralement soit par les nôtres, soit par le feu des mitrailleurs allemands », déclarera le caporal Maupas lors de son interrogatoire.

Seuls 4 caporaux, l’un originaire de Bretagne et 3 originaires de Normandie, sont condamnés à mort le 16 mars 1915. Si le refus de sortir des tranchées était indiscutable, la faute était partagée entre tous les hommes et le choix de ces 4 caporaux fut totalement arbitraire.
Le lendemain, 17 mars 1915, en début d’après-midi et deux heures environ avant que n’arrive le recours en grâce qui commuait la peine en travaux forcés, Théophile Maupas, 40 ans, instituteur de Le Chefresne, Louis Lefoulon, 30 ans, cheminot aux Chemins de fer de l’Ouest à Caen, Louis Girard, 28 ans, horloger, originaire de Blainville résidant à Paris 17e et Lucien Lechat originaire de Le Ferré, 23 ans, garçon de café à Vitré sont fusillés. Maupas, marié, avait 2 enfants ; Lefoulon un et vivait en concubinage. Girard, marié, avait aussi un enfant, seul Lechat était célibataire.
Blanche Maupas, la veuve de Théophile Maupas, soutenue par la Ligue des droits de l’Homme entama un combat pour la réhabilitation de son époux et des autres caporaux fusillés de Souain qui dura près de deux décennies et qui, en-dehors de son activité d’institutrice, l’occupa à plein temps. Le 11 avril 1920, le ministère de la justice refusait d’examiner le dossier. 1926, Blanche Maupas crée le « Comité Maupas » qui deviendrait en 1928 « Comité national pour la réhabilitation des victimes de guerre ».
Par deux fois, malgré le long travail d’enquête et l’accumulation des témoignages, les demandes de réhabilitation avaient été rejetées. Eulalie Lechat, la sœur du caporal Lechat, avait elle aussi créé un comité en 1923 avec l’aide de la Ligue des Droits de l’Homme. Pendant plusieurs années, des meetings furent organisés dans toute la France ; les soutiens affluèrent de dizaines d’associations de mutilés de guerre et d’anciens combattants. Il y eut de nombreuses signatures demandant la réhabilitation des caporaux de Souain.


Sartilly 1923 : Blanche et Suzanne, la fille de Théophile, devant la tombe du caporal Maupas.
Il fallut attendre le 3 mars 1934 pour que la Cour spéciale de justice accepte de juger sur le fond et donne un avis favorable à la réhabilitation des 4 caporaux de Souain. Les épouses des fusillés reçurent le franc symbolique au titre de dommages-intérêts. Les veuves pouvaient enfin faire valoir leurs droits à pension.
D’après un article de wikipedia.
Blanche Maupas
Pour le 91ème anniversaire de l’armistice de la 1ere guerre mondiale, le mercredi 11 novembre à 20h35, France 2 diffuse Blanche Maupas. Blanche s’est battue toute sa vie pour réhabiliter le statut de son mari, fusillé pour l’exemple. Avec Romane Bohringer, Thierry Frémont dans le téléfilm de Patrick Jamain.
Une avant-première du film, le 4 novembre, a eu lieu en présence de Patrick de CAROLIS et des principaux Grands Maîtres des obédiences maçonniques Françaises. Dans ce téléfilm, le rôle de la Franc-Maçonnerie est évoqué au travers du personnage de Marc RUCART, avocat, homme politique et franc-maçon sous la 3° République.
Le téléfilm sera disponible en DVD dès le 12 novembre 2009 chez Koba Films Video.






Liens 
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- Maudite soit la guerre 
- Monuments aux morts pacifistes



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